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The Jango Journal
20 mars 2007

#77 - Y a que les routes qui sont belles

Le délicat et délicieux processus de la création. Apprendre à connaître ses personnages, se réjouir de passer au moins un an et demi avec eux. Antoine, Alice, Moktar, et même ce salaud de Ronald. Les voir bouger, changer d'époque, d'histoire, passer de la science-fiction à la comédie dramatique sous l'induction d'un directeur de mémoire aussi calme qu'intéressant (et accessoirement à la filmo qui en jette). Puiser dans des références a priori inconciliables, se laisser envahir par la musique de Philip Glass, envoyer flotter mes modestes idées sur son grand flot lyrique. Trouver l'équilibre entre le jaillissement et la construction. Aller voir la mer, sentir le vent qui la soulève, entendre les bateaux tanguer dangereusement. Goûter au traître sucré d'un Monbazillac 2004. S'isoler avec soi, se mettre face à ses défis, se trouver détendu, bien. Perdre la notion du temps devant un écran dans le noir, on se croirait presque au cinéma. Impossible de prévoir le résultat, encore trop lointain, encore bien trop fragile, le terme encore abstrait de cette nouvelle aventure, mais comme disait l'autre c'est le chemin qui fait la beauté du voyage.
bocklin_autoritratto
Enfin bref, de ma retraite maritime j'improvise cette note sur un ordinateur qui a bien du mal à me suivre (d'où la vetusté aussi de la note en question). "Réchauffement", mon scénario de mémoire, pourrait bien devenir "Les Yeux Vides". Suite à mon premier entretien avec Luc Dardenne, j'ai radicalement changé certains éléments et pourtant il me semble ne pas avoir trahi mon projet, mon envie de départ. Je m'impose un récit simple, un cadre économiquement réaliste. Le contexte science-fictionnel qui menaçait de bouffer l'intrigue sentimentale et lorgnait un peu trop du côté de "Children of Men" passe à la trappe. La décision m'apparaissait comme un dilème insolvable, et puis au moment d'écrire ça s'est passé naturellement. Un élément fantastique l'a en quelque sorte remplacé, l'apparition comme personnage récurent et énigmatique de la Mort en personne. Oui, mais on se dirige de plus en plus vers la comédie. Mmmm.. je crois que mes influences sont flagrantes, il s'agira donc surtout de bien les digérer. En tous cas ce que je suis en train de faire est bel et bien ce que je préfère faire. Je croise tous les doigts de mes mains pour pouvoir en vivre un jour. Pour moi un processus aussi douloureux que jouissif. Robert Bresson l'a écrit: un film meurt trois fois. A l'écriture, au tournage et au montage. Autant d'étapes qui sont surtout des renoncements et des désillusions par rapport à ce qu'on avait en tête et qui est tout simplement intraduisible. La première de ces morts, je tourne autour depuis belle lurette maintenant, c'est une belle dame un peu froide et instable, mais j'espère courrir longtemps après elle avec passion. Bon j'arrête là les élucubrations, mais comme j'ai un peu disparu de la circulation, maintenant au moins on saura pourquoi! A bientôt ;o)
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